Le secteur calgarien des technologies est en pleine effervescence : des entreprises qui font parler ouvrent boutique dans une ville habituellement associée aux hydrocarbures.
Dans ce milieu, un nom est sur toutes les lèvres, celui de ZayZoon. Avec l’aide de BLG, cette entreprise à succès canadienne a récemment mobilisé 34,5 millions de dollars américains dans le cadre d’une entente de financement par actions de série B. La conversation entre Cameron MacCarthy, associé du cabinet, et Darcy Tuer, cofondateur et chef de la direction de ZayZoon, contient des « conseils d’ami » pour les entreprises en démarrage. Nous leur proposons de découvrir ce qui fait le succès de ZayZoon et d’autres jeunes entreprises de technologies à Calgary.
Cameron : Difficile de croire que sept années se sont écoulées depuis que Craig et toi m’avez présenté Tate et que nous avons parlé de votre projet d’entreprise. Vous avez fait beaucoup de chemin depuis sa concrétisation. Je crois que les jeunes entreprises aimeraient connaître quelques-unes des leçons que vous avez tirées de la fondation de ZayZoon.
Darcy : Je dirais d’abord que la réussite d’une entreprise de technologies dépend de l’identité de ses fondateurs. Il est important d’établir d’entrée de jeu pourquoi vous fondez l’entreprise, puis d’aller chercher les bonnes personnes qui comprennent cette raison d’être et sont capables de mettre le projet en branle. Je dis toujours qu’on est la moyenne des cinq personnes qu’on fréquente le plus. Les investisseurs misent en fait sur la réussite du chef de la direction, des fondateurs et des équipes qu’ils mettent sur pied.
Mon deuxième conseil est de s’efforcer de bâtir des relations qui ne sont pas purement transactionnelles. Dans les cercles calgariens, il y a environ trois degrés de séparation. Les contacts jouent pour beaucoup. L’équipe de ZayZoon a consacré plus d’une quinzaine d’années à tisser des liens personnels et professionnels, et nous devons notre croissance à ces liens.
Notre démarche ne se résume pas à nous demander ce que notre interlocuteur peut faire pour nous. Notre attention se porte bien au-delà. Raconter son histoire, présenter son message, apprendre les uns des autres. Qu’il s’agisse d’hydrocarbures, de gestion de patrimoine ou de coiffure, on rêve de faire quelque chose, et on incite des gens à faire partie de l’aventure.
Cameron : Pourquoi avoir établi ZayZoon à Calgary?
Darcy : C’est ici que ma carrière d’entrepreneur a débuté, et j’adore cette ville. Avec du recul, je dirais que bâtir ZayZoon, c’est créer de la valeur d’entreprise à Calgary, pour soutenir les entrepreneurs de demain et créer un environnement formidable pour mes enfants et ceux des autres. Voilà mon pourquoi. Je veux que les gens voient qu’ici, il se passe des choses qui ont un sens. Qu’ils voient qu’ici, des entreprises prospères dynamisent l’économie.
Cameron : Selon ton expérience, quel est le plus grand défi en matière de levée de capitaux pour les jeunes entreprises?
Darcy : L’une des plus belles choses avec le démarrage d’une entreprise, c’est qu’on peut s’en servir pour se fixer des objectifs. Il y a cependant le risque de confondre son objectif personnel – comme devenir indépendant de fortune – avec le succès de l’entreprise.
Pour que ZayZoon poursuive sa croissance, il nous fallait trouver des investisseurs institutionnels. Nous devions viser un coup de circuit, et non nous contenter d’un coup sûr. Il fallait abattre 20 fois plus de travail, et les chances de frapper la balle étaient plus minces, mais nous avions déjà marqué un ou deux points. Nous voulions plus.
L’un de nos investisseurs institutionnels a comparé notre succès au fait de remporter une médaille d’or. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il faut renouveler l’exploit. Nous venons de nous embarquer pour cinq ou sept ans de souffrances et de douleurs – sans garantie de succès –, ce qui cadre plus ou moins avec notre objectif personnel de nous enrichir.
Heureusement, j’ai rencontré les autres fondateurs avant de signer la feuille des modalités, et on a convenu que notre motivation n’était pas financière. Il serait faux de dire que l’argent ne compte pas pour nous, bien sûr, mais nous voulons changer les choses. Nos investisseurs institutionnels nous disent que les entreprises les plus prospères qu’ils ont soutenues avaient été fondées par des gens qui souhaitaient faire partie de quelque chose de plus grand qu’eux, d’un projet porteur de sens, et non simplement faire de l’argent.