Le monde a considérablement changé depuis que nous avons publié le premier article de notre série sur les villes intelligentes, dans lequel nous examinions les villes du futur. Alors que l’on s’accorde de plus en plus à dire que les technologies au cœur des villes intelligentes pourraient transformer la vie dans un monde de plus en plus urbanisé, la pandémie de COVID-19 a, de manière totalement inattendue, créé un nouveau paradigme. L’économie mondiale a souffert, les injustices sociales se sont accrues et tout le monde, individus comme collectivités, doit s’adapter à une nouvelle normalité.
POINT DE VUE
Villes intelligentes II : Quelle est la prochaine étape pour les technologies des villes intelligentes? @Model.HeaderTag>
Le désir de changement nourri par la population et les importantes dépenses de relance gouvernementales dans les infrastructures ont ouvert la porte à l’investissement dans des solutions innovantes visant des enjeux pressants pour ce qui touche les villes intelligentes, notamment :
Alors que nous vivons un moment déterminant de l’histoire mondiale, une occasion unique s’offre à nous : redéfinir le rôle et l’évolution des technologies au cœur des villes intelligentes pour que leur incidence soit positive. Relativement à ces enjeux complexes, il convient de se demander comment, où, quand et par qui ces technologies sont mises au point, déployées, réglementées et affinées.
Villes intelligentes : partenariats public-privé et modèles de gouvernance
Bien qu’il existe dans le monde une grande variété de projets en cours visant les villes intelligentes, c’est l’arrêt par Sidewalk Labs de ses plans à Toronto qui a le plus retenu l’attention. Après plus de deux ans de préparation, de négociation et de débats animés, Daniel L. Doctoroff, chef de la direction de Sidewalk Labs, a annoncé la fin d’un ambitieux partenariat qui devait faire du Quayside, dans la Ville-Reine, le premier quartier intelligent au monde.
La mise au rancart des plans de Sidewalk Labs à Toronto a eu des répercussions sur plusieurs secteurs et à tous les échelons gouvernementaux, la déception étant d’autant plus grande que la crise de la COVID-19 a accentué la nécessité de développer rapidement des villes intelligentes.
Le projet avorté du Quayside illustre bien le rôle d’aimant que jouent les administrations publiques dans le cadre de telles initiatives : elles doivent se montrer ouvertes à l’innovation, se doter d’une réglementation propice aux technologies et proposer une législation plus souple en matière de vie privée et de protection des données. Dans ce contexte, certaines administrations se démarquent. Par exemple, les villes intelligentes constituent un élément essentiel de la politique industrielle du gouvernement coréen ‒ Séoul en est le parfait exemple. Au Japon, Toyota construit actuellement une ville intelligente de 175 acres au pied du mont Fuji, la bien nommée « ville tissée »; le projet sera un terrain d’essai pour un réseau de robotique, des applications axées sur l’intelligence artificielle et les maisons intelligentes.
Perspectives relativement aux dépenses publiques et aux investissements dans les villes intelligentes
Bien que le départ de Sidewalk Labs de Toronto en ait contrarié plus d’un, cette nouvelle ne devrait pas entraver l’évolution des villes intelligentes et des technologies connexes au pays. De nombreux États, y compris le Canada, sont en passe d’investir massivement dans les infrastructures post-COVID-19 pour stimuler leur économie.
Le moment est idéal pour allouer des fonds publics aux technologies utilisées dans le cadre des villes intelligentes, de façon non seulement à se préparer à une éventuelle nouvelle pandémie, mais également à appuyer les solides écosystèmes technologiques de Montréal, Vancouver et Toronto. Si le Canada recèle de talents de calibre mondial dans le domaine des technologies et accorde déjà une place de choix à l’innovation, la COVID-19 a renforcé l’importance d’affecter des fonds publics à la stimulation de l’économie et à la création de collectivités plus sécuritaires et plus vertes.
La pandémie a également donné un rare aperçu de ce que serait un avenir plus vert, qui pourrait perdurer si l’on consacrait des fonds publics à l’adoption des technologies à l’origine des villes intelligentes. Par exemple, en investissant dans la mise en œuvre à grande échelle des véhicules autonomes (VA), peut-être même électriques, on pourrait réduire la pollution atmosphérique et promouvoir la croissance économique.
Redéfinir la mobilité dans un monde en proie aux pandémies
La COVID-19 a poussé les collectivités de toutes tailles à revoir la façon dont elles envisageaient le transport des personnes, des biens et des services en toute sécurité. À Toronto, par exemple, les répercussions sur le système de transport public ont été considérables : sa fréquentation a diminué de 86 %. À l’heure où la population s’inquiète de plus en plus du risque que posent les transports publics pour la sécurité, il convient de s’interroger sur les implications économiques et environnementales d’une augmentation notable du recours à l’automobile, que ce soit pendant l’actuelle pandémie ou de façon plus permanente.
Dans les régions les plus touchées par la COVID-19, les VA pourraient avoir l’avantage de réduire les interactions entre les personnes et de permettre les livraisons sans contact par des véhicules à basse vitesse. Alors que le secteur des VA cherche à concrétiser un avenir où l’on pourrait se passer de conducteurs et que la COVID-19 a momentanément interrompu les essais en conditions réelles, Michelle Avary, responsable, Mobilité autonome et automobile au Forum économique mondial, note que les VA offrent une « biosécurité » particulièrement importante compte tenu du taux d’infection colossal parmi les travailleurs essentiels.
Il peut également s’avérer utile d’examiner les répercussions des pandémies sur notre conception des flottes de VA partagées et la mesure dans laquelle les drones pourraient devenir la solution tant attendue à la livraison du dernier kilomètre.
Applications liées aux villes intelligentes et planification en vue de futures pandémies
La COVID-19 a suscité un intérêt mondial accru pour les applications liées aux villes intelligentes qui pourraient prévoir la prochaine pandémie et en limiter les répercussions, notamment :
- les protocoles de recherche de contacts
- les robots nettoyeurs
- les drones de livraison et de surveillance
- le recours à l’IA et aux mégadonnées pour surveiller et prévenir les éclosions
Les centres urbains densément peuplés étant plus vulnérables aux infections à grande échelle, il est crucial d’intégrer les technologies destinées aux villes intelligentes pour se préparer à la prochaine pandémie.
Considérations concernant la vie privée et la gouvernance des données
Nombreux sont ceux qui prêchent pour une adoption accélérée des technologies des villes intelligentes afin de se préparer à la prochaine pandémie. Toutefois, la protection de la vie privée, notamment en ce qui a trait à la collecte et à l’utilisation de données personnelles, demeure une préoccupation de taille. Les technologies au cœur des villes intelligentes reposent sur des systèmes, capteurs et appareils connectés, ce qui suscite un questionnement persistant de la part des individus comme des organisations concernant :
Il existe un certain nombre de moyens pour protéger les données recueillies par les technologies utilisées dans les villes intelligentes, notamment la mise en œuvre de protocoles de sécurité et de cybersécurité exhaustifs et la mise en place d’un processus de sélection des fournisseurs méticuleux.
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