Le dernier volet de la Loi 25, le « droit à la portabilité », entrera en vigueur au Québec le 22 septembre 2024 dans la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé (« Loi sur le secteur privé ») et la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels (« Loi sur l’accès »).
Cette date correspond également à la fin de la période de clémence d’un an qui suivait l’entrée en vigueur des principaux éléments de cette grande réforme législative, une fin informellement annoncée par la Commission d’accès à l’information (« CAI »). Alors que le régulateur québécois devrait dorénavant se montrer plus proactif en matière d’application de la loi, que devez-vous savoir pour mettre en œuvre ce nouveau droit individuel?
Qu’est-ce que le droit à la portabilité ?
Le droit à la portabilité désormais introduit au Québec s’inscrit dans une tendance internationale1 visant à donner plus de pouvoir et de contrôle aux consommateurs sur leurs données et, du même coup, à accroître la concurrence entre les entreprises.
Dans la Loi 25, c’est le nouvel article 27 al. 3 de la Loi sur le secteur privé (article 84 al. 3 Loi sur l’accès) qui introduit le droit à la portabilité sous la forme d’une variante technologique et bonifiée du droit d’accès:
En somme, le droit québécois à la portabilité des données est composé des éléments suivants :
Voyons en détail ce que ces éléments impliquent.
En pratique, que dois-je faire pour m’assurer que mon organisation sera capable de traiter une demande de portabilité de renseignements personnels?
La première étape consiste à revoir vos processus déjà en place pour le traitement des demandes d’accès afin que les exigences propres à ce droit y soient bien intégrées. Par exemple, vos politiques et normes internes devraient donner des exemples des renseignements informatisés qui peuvent être visés, préciser les formats qui peuvent être utilisés, établir les critères permettant de déterminer qu’un tiers est autorisé à recevoir des renseignements, etc.
En outre, toute organisation devrait également:
- Identifier les données visées
Certains renseignements personnels sont plus susceptibles que d’autres de faire l’objet d’une telle demande. Pour les identifier, demandez-vous quels renseignements faciliteraient la transition de l’un de vos clients chez votre concurrent.
- Préciser les limites de la responsabilité de votre organisation
Considérez faire signer aux requérants un document clarifiant les limites de la responsabilité de l’organisation qui transmet les renseignements par rapport à celle qui les reçoit. Si votre organisation transfère des renseignements, les individus concernés doivent notamment comprendre que vous ne contrôlerez plus l’utilisation qui sera faite des données d’un client. À l’inverse, si votre organisation est appelée à recevoir des renseignements aux termes d’une demande de portabilité, précisez au requérant que vous n’êtes pas responsable des erreurs et inexactitudes contenues dans les données que vous recevrez.
- Déterminer les mesures de sécurité applicables
Si votre organisation est appelée à traiter un volume significatif de demandes de portabilité, assurez-vous d’impliquer vos équipes de sécurité de l’information pour que la communication vers des tiers suive des normes de sécurité établies.
- Réviser sa politique de confidentialité externe
Comme pour les autres droits individuels en matière de vie privée, la politique externe d’une entreprise joue un rôle clé pour orienter vos clients vers vos procédures internes. Une plus grande transparence sur la manière d’exercer ce droit vous permettra de centraliser et de simplifier le traitement des demandes en découlant.
L’entrée en vigueur imminente du droit à la portabilité devrait rappeler aux entreprises la nécessité d’avoir des procédures de réponse aux nombreux droits individuels conférés par cette loi. Même si le reste des obligations découlant de la Loi 25 sont entrées en vigueur dans les dernières années, il est encore temps de s’assurer de la conformité de votre organisation alors que la période de clémence observée par la CAI tire à sa fin.
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Le groupe Cybersécurité, respect de la vie privée et protection des renseignements personnels de BLG suit de près les développements juridiques susceptibles d’éclairer les organisations sur les exigences en matière de protection des données au Canada. N’hésitez pas à communiquer avec les personnes-ressources ci-dessous ou d’autres membres de notre groupe si votre organisation s’interroge sur le droit à la portabilité des données au Québec.