Le 17 septembre dernier, BLG s’est entretenu lors d’un webinaire avec les auteurs Douglas Sanderson (Amo Binashii) et Andrew Stobo Sniderman à propos de leur livre primé Valley of the Birdtail: An Indian Reserve, a White Town, and the Road to Reconciliation. Racontant l’histoire de deux communautés – la ville de Rossburn et la réserve de Waywayseecappo – séparées par un fleuve et par 150 ans de racisme, cet ouvrage illustre bon nombre d’inégalités en matière d’accès aux ressources et de traitement accordé par le gouvernement fédéral. Le présent article résume les principaux points abordés par les auteurs pendant la discussion, notamment les façons dont les lois ont perpétué les inégalités et miné la capacité des peuples autochtones à prospérer, et les rôles que nous avons tous et toutes à jouer dans notre cheminement collectif vers la réconciliation.
Faire éclater la vérité
Le processus de réconciliation commence par le rétablissement de la vérité, car, selon M. Sanderson, la population canadienne en sait beaucoup moins qu’elle ne le croit sur l’histoire véritable du Canada. Les récits qu’on nous a faits du passé ont été largement simplifiés et édulcorés, en particulier les siècles d’injustices vécus par les communautés autochtones. Relater une histoire d’une telle envergure de manière à trouver un écho chez le lectorat n’est pas une mince affaire, mais en se concentrant sur le quotidien de personnes et de familles habitant Rossburn et Waywayseecappo, les auteurs espéraient transmettre leur compréhension personnelle d’une trame narrative plus étendue et complexe.
Par exemple, ils ont choisi de mettre au jour le récit de Linda, une jeune pensionnaire ojibwée ayant souffert d’une perte auditive permanente après avoir été frappée par une religieuse en guise de punition. S’il existe un nombre incalculable d’histoires d’horreur vécues par les enfants autochtones dans les pensionnats, l’accent mis sur cet événement précis et sur l’impact qu’il a eu – et aura toujours – sur Linda aide à comprendre concrètement l’ampleur du poids qui pèse sur les survivantes et les survivants des pensionnats autochtones.
La Loi sur les Indiens : une histoire toujours d’actualité
Bien des Canadiennes et des Canadiens n’ont qu’une connaissance très limitée du système juridique responsable des injustices à l’égard des peuples autochtones. Pour illustrer ses propos, M. Sanderson a fait référence à la Loi sur les Indiens, c’est-à-dire la loi fédérale qui régit les questions liées au statut d’indien·ne, aux bandes et aux réserves.
La population canadienne est de plus en plus au fait de certaines parties abrogées de cette loi, notamment l’article 114 portant sur les pensionnats. Contrairement à la croyance populaire, les pratiques énoncées dans la loi n’appartiennent pas au passé lointain; comme l’a expliqué M. Sanderson, certaines dispositions étaient même encore en vigueur en 2014.
L’auteur a aussi relevé des exemples ahurissants de dispositions récemment invalidées, comme le paragraphe 119(6) autorisant les agent·es de surveillance à mettre en détention les enfants autochtones qui s’absentaient de l’école, et le paragraphe 119(2) permettant à ces mêmes agent·es d’entrer chez des Autochtones, pour insister sur le fait qu’il y a une décennie à peine, l’État pouvait encore forcer les enfants autochtones à fréquenter l’école. La réconciliation passe donc nécessairement par la reconnaissance que les iniquités juridiques ne sont pas de l’histoire ancienne.
Modifications suggérées à la législation
La réconciliation est un sujet épineux et les auteurs – tous deux avocats – ont présenté des idées de changements structuraux qui élargiraient la juridiction et les pouvoirs de taxation des gouvernements autochtones, ce qui favoriserait l’essor économique des collectivités.
En vertu de la Loi sur les Indiens, les gouvernements autochtones n’ont pas les mêmes pouvoirs que les autres pour ce qui touche la perception d’impôts. Par exemple, si des fonds sont nécessaires pour la réfection d’installations sur la réserve, la loi assujettit les conseils de bande au bon vouloir du gouvernement fédéral. Même si de multiples appels à l’abolition de la Loi sur les Indiens ont été lancés, M. Sanderson a expliqué que cette initiative seule ne suffirait pas à résoudre le problème, puisque les gouvernements autochtones devraient continuer d’entretenir une relation particulière et bien définie avec la Couronne.
Les réponses sont en nous
Le message de Douglas Sanderson et d’Andrew Stobo Sniderman en est un d’espoir : la vérité, la réflexion et la compréhension mutuelle constituent un premier pas vers la réconciliation. En utilisant les outils déjà à notre disposition, nous pouvons bâtir un Canada meilleur où, tout comme les familles présentées dans le livre, les citoyens travaillent ensemble pour promouvoir et rétablir l’équité.
Le parcours vers la réconciliation requiert que chaque personne approfondisse sa compréhension par l’introspection.
Nous vous invitons à profiter de l’occasion pour vous procurer un exemplaire de Valley of the Birdtail dans une librairie autochtone et ainsi amorcer votre propre parcours d’exploration.