Peu de gens comptent la levure parmi leurs coéquipiers les plus précieux. C’est pourtant le cas d’Alex Campbell et de ses collègues inventeurs. C’est avec des camarades de l’Université Concordia que M. Campbell a fondé Hyasynth Biologicals Inc. Les inventeurs de Hyasynth ont recours à la levure pour produire des cannabinoïdes (vous avez bien lu : il s’agit en effet de ce que l’on retrouve habituellement dans les plants de cannabis).
M. Campbell et l’équipe de Hyasynth ont élaboré une méthode qui leur permet de produire des cannabinoïdes, les composés chimiques actifs présents dans le cannabis, par génie génétique à partir de différentes souches de levures.
Les méthodes de production conventionnelles faisant appel aux plants de cannabis permettent seulement de produire deux cannabinoïdes en dose active, soit le THC et le CBD. En contraste, Hyasynth peut produire plus de 105 cannabinoïdes différents à partir de levure. Les cannabinoïdes ont un large champ d’application. À titre d’exemple, les données cliniques suggèrent que le CBDV pourrait s’avérer efficace dans la prise en charge de problèmes comportementaux liés au trouble du spectre de l’autisme. Le principe consiste à modifier génétiquement différentes levures afin de produire des composés précis, lesquels peuvent ensuite être commercialisés sous forme de formulations thérapeutiques.
M. Campbell a découvert sa passion pour les inventions alors qu’il était étudiant en génie. Dès l’école primaire, il adorait les sciences et la biologie en particulier. Il ne savait pas trop quel champ scientifique choisir et avait l’impression de passer la majeure partie de ses études universitaires à apprendre les théories des autres. Tout cela a changé quand il a été accepté au sein de l’équipe Queen’s Genetically Engineered Machine (QGEM) de son université.
En 2011, ses coéquipiers et lui ont modifié génétiquement le nématode C. elegans afin d’améliorer sa réponse chimiotactique au naphtalène, un agent polluant. L’objectif était d’utiliser ce ver attiré par les polluants à la manière d’une boussole chimique dans des projets de bioremédiation.
« J’aimais beaucoup l’idée de modifier un organisme vivant et de lui apprendre à faire des choses pour aider les gens, indique M. Campbell au sujet du projet de l’équipe QGEM. On utilise maintenant le terme "biologie synthétique" pour désigner cette technique. »
M. Campbell a suivi sa passion et s’est inscrit à un programme de maîtrise de l’Université Concordia sous la direction du professeur Vince Martin, un expert dans la production d’opioïdes à partir de levures. Avec ses collègues, il a décidé de vérifier s’il était possible de reproduire les voies métaboliques du cannabis dans des levures. Les choses n’ont pas été faciles au début, car le cannabis est une plante et la levure est un champignon. Les membres de l’équipe ont d’abord produit par synthèse diverses enzymes provenant d’amibes et de champignons avant de les mettre en présence de levures. Grâce à cette méthode, ils ont « appris » aux levures à sécréter les enzymes, créant ainsi la voie biochimique permettant de produire des cannabinoïdes.
Hyasynth a compris très tôt l’importance de protéger sa propriété intellectuelle. Comme de nombreuses enzymes du cannabis étaient déjà brevetées, M. Campbell et son équipe ont dû relever plusieurs défis liés aux droits de propriété intellectuelle.
En collaboration avec BLG, Hyasynth a déposé des brevets protégeant ses processus et technologies de base et a ainsi été en mesure de tirer parti de sa propriété intellectuelle tout en prenant de l’expansion.
« Il faut beaucoup de temps pour modifier génétiquement ces organismes. Notre entreprise y travaille depuis huit ans et n’a pas encore touché de revenus, affirme M. Campbell. Notre propriété intellectuelle est donc réellement notre principal actif à l’heure actuelle. »
Cette situation sera toutefois appelée à changer plus tard cette année. En effet, Hyasynth lancera la production de CBD à partir de levures et vendra ses produits à des prix inférieurs à ceux du CBD provenant de plants de cannabis.
Quand on lui a demandé s’il avait des conseils pour les jeunes inventeurs à la recherche d’inspiration, M. Campbell a eu cette réponse : « Trouvez des occasions d’appliquer concrètement vos apprentissages. Devenez membre de clubs et participez à des compétitions. Impliquez-vous et mettez la main à la pâte. C’est la meilleure façon d’apprendre et de créer. »
BLG est fier de collaborer avec des inventeurs, quelle que soit leur envergure, pour protéger leurs idées et les aider à concrétiser leur vision. Pour découvrir comment nous pouvons vous aider, n’hésitez pas à communiquer avec nous.