Kate Ayre s’est mise à l’aviation en 1994, en se faisant la main sur un Bellanca Scout. Titulaire de licences de pilote professionnel pour les planeurs et les aéronefs à voilure fixe (et pilote d’hélicoptère à ses heures), elle a déjà envisagé de devenir contrôleuse aérienne. C’est toutefois dans le domaine du droit que sa carrière a réellement pris son envol. Avocate chevronnée spécialisée en aviation, elle est à la tête du groupe sectoriel Aviation de BLG à l’échelle nationale. Au quotidien, elle peut tout autant être appelée à travailler sur des dossiers de dommages matériels qu’offrir des conseils en matière de réglementation, examiner des litiges complexes liés à des rappels de produits ou s’occuper d’affaires hautement délicates concernant des accidents mortels. Dans l’entretien qui suit, Kate nous fait part de son point de vue sur un éventail de sujets, allant de la pandémie aux voyages dans l’espace, en plus de nous éclairer sur les éléments à prendre en compte pour atteindre de nouveaux sommets dans le domaine de l’aviation.
En quoi votre expérience de pilote vous aide-t-elle dans vos fonctions d’avocate?
Quand j’ai commencé ma carrière en droit, je me voyais comme une pilote qui avait accessoirement une casquette d’avocate. Aujourd’hui, c’est le contraire. Cela dit, le pilotage fait partie de moi, et je partage cette passion avec nos clients en aviation – et leurs propres clients. Je veux tout connaître de leurs activités, y compris leurs irritants et leurs objectifs. Si je ne travaillais pas dans le domaine du droit, je ferais la même chose que mes clients.
Comment décririez-vous le secteur de l’aviation actuel?
L’aviation a récemment traversé une importante période de creux, mais elle est maintenant en bonne position pour connaître un nouvel essor. Nous nous attendons à voir des entreprises et des technologies révolutionnaires prendre de plus en plus de place et certains exploitants revenir en force grâce à l’innovation, après avoir tiré parti de la pandémie pour réévaluer leurs modèles d’affaires et leur service à la clientèle.
Comment la pandémie se compare-t-elle aux autres événements marquants de notre époque dans le secteur de l’aviation?
Plusieurs études intéressantes ont analysé les conséquences de la pandémie par rapport à celles du 11 septembre 2001, de la crise financière de 2008 et de l’épidémie de SRAS. J’aime bien comparer la situation actuelle à la pandémie de grippe espagnole de 1919. John Alcock et Arthur Brown ont piloté le premier vol transatlantique en juin de cette année-là. Que signifiait ce voyage à l’époque? Comment a-t-il révolutionné notre manière de travailler et de vivre? Nous en sommes à ce stade pour ce qui touche les voyages dans l’espace et les vols supersoniques. Rendez-vous compte : nous avons atterri sur Mars en pleine pandémie! Actuellement, les voyages en haute atmosphère sont réservés aux plus riches, tout comme le premier vol transatlantique pendant la pandémie de 1919. Dans 15 ans, le secteur de l’aviation et l’industrie aérospatiale auront changé du tout au tout.
Que conseilleriez-vous aux entreprises des secteurs de l’aviation et du voyage durement touchées par la pandémie?
Il est difficile pour les entreprises de ne pas savoir à quoi s’attendre et d’avoir à prendre des décisions sans pouvoir s’appuyer sur une réglementation claire ou des ressources précises. Les mesures à suivre changent d’une semaine à l’autre et ce sont souvent aux clients d’agir – il n’existe pas de formule universelle. Il nous faut travailler ensemble pour trouver des réponses, évaluer le pour et le contre et élaborer la meilleure approche.
Qui sont les clients du groupe Aviation de BLG?
BLG dispose de la plus importante équipe spécialisée en aviation du secteur privé au pays. Chaque jour, nous prouvons que les intervenants directs et indirects du marché de l’aviation canadien ont raison de faire appel à nous en premier pour obtenir des conseils juridiques. Nous aidons tous les acteurs possibles et imaginables : les transporteurs aériens, les assureurs, les contrôleurs aériens, les aéroports, les développeurs de logiciels, les entreprises du domaine de l’avionique, les fabricants d’équipement d’origine, les agences de voyages, les voyagistes de même que les entreprises spécialisées dans les aéronefs à décollage et atterrissage verticaux électriques, le carburant d’aviation durable et les avions électriques.
En quoi BLG est-il équipé pour servir les secteurs de l’aviation et du voyage?
Nous avons mis sur pied une plateforme nationale composée de juristes exerçant dans tous les domaines du droit qui touchent de près ou de loin les secteurs de l’aviation et du voyage. Nous sommes ainsi en mesure de répondre à tous les besoins de nos clients en matière de propriété intellectuelle, de travail et d’emploi, de réglementation, de fusion et acquisition, de cybersécurité, de produit, de litige, d’environnement, de construction, d’assurance, de commerce, et plus encore. Dans le secteur mondial de l’aviation, les États-Unis comptent parmi les principaux partenaires du Canada. BLG collabore avec des entreprises américaines et, plus particulièrement, avec des cabinets juridiques américains afin d’épauler des clients établis de l’autre côté de la frontière et œuvrant au Canada de même que des clients au pays menant des activités aux États-Unis. Pour ce faire, nous misons sur le travail d’équipe. Servir ses clients, c’est un peu comme piloter un avion : comment faire pour les amener d’un point A à un point B de manière sécuritaire et sans turbulences? Si je ne suis pas la pilote dont ils ont besoin, je m’assurerai de trouver la personne au sein de mon équipe qui saura les aider.
Quelles tendances émergentes vous emballent dans le domaine de l’aviation?
Au cours des prochaines années, j’entrevois une forte croissance de la mobilité aérienne en milieu urbain, par exemple au moyen de taxis volants et de véhicules à décollage et atterrissage verticaux électriques, et, en conséquence, l’apparition d’une multitude de questions touchant les règlements municipaux, les politiques de navigation aérienne ainsi que la propriété intellectuelle et l’assurance. Je trouve aussi très intéressantes la décarbonisation et la diversification des ressources dans le but de réduire l’empreinte carbonique du secteur de l’aviation, notamment l’utilisation de carburant durable et d’aéronefs entièrement électriques; enfin, n’oublions pas les vols à haute altitude. Moins visionnaire mais tout aussi important : il sera également crucial de veiller à ce que les compétences des employés (pilotes, équipes de maintenance, contrôleurs aériens, etc.) soient à jour après la pandémie.
De votre point de vue surplombant le secteur, comment l’aviation peut-elle se préparer pour l’avenir?
Passé une certaine altitude au-dessus du niveau de la mer, les aéronefs doivent respecter des exigences particulières quant aux équipements d’apport en oxygène, sans lesquels il est impossible de voler aussi haut. De la même manière, je dirais que la meilleure façon de se préparer pour l’avenir est de tirer parti des ressources qui nous entourent. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, accepter de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais de force. J’en reprends conscience chaque fois que je fais du yoga; c’est un sport dans lequel on se sert d’un traversin ou d’une sangle pour essayer de nouvelles postures en toute sécurité et en ressortir grandi. Monter une entreprise ou se lancer dans un nouveau domaine nécessite une certaine prise de risques. Avec du soutien, par exemple des conseils juridiques, on peut prendre des risques plus importants, croître davantage et sortir indemne des périodes de turbulences. Nos clients du domaine de l’aviation se tournent vers l’avenir – et nous aussi. Nous pourrions nous contenter de leur fournir des conseils juridiques, puis de leur envoyer la facture, mais nous préférons collaborer avec eux à titre de partenaires axés sur l’innovation en leur proposant des stratégies, des barèmes de tarification créatifs et des services non traditionnels. BLG Impulsion en est le parfait exemple.
Quelles ressources recommanderiez-vous aux acteurs du domaine de l’aviation pour garder une longueur d’avance?
Le site The Air Current de Jon Ostrower est une ressource centralisée pour les intervenants du marché et un excellent moyen de se tenir au courant des actualités du secteur et des prochaines étapes. Je recommande également les revues Skies pour tout ce qui touche les aéronefs à voilure fixe et Vertical pour des nouvelles et des articles sur les aéronefs à voilure tournante.
Si vous aviez le pouvoir de changer quoi que ce soit dans le domaine de l’aviation, que feriez-vous?
J’accorderais une plus grande place aux femmes : plus de femmes qui pilotent, qui travaillent sur les moteurs, qui développent les technologies et qui occupent des postes de direction. La diversité a actuellement le vent en poupe dans le milieu de l’aviation, mais j’accélérerais le processus. En diversifiant la représentation, on assure la pluralité des points de vue, ce dont l’industrie n’a jamais eu autant besoin.