« Les femmes ont leur place partout où des décisions se prennent... Elles ne devraient pas être l’exception. »
– Ruth Bader Ginsburg
Le fait d’être une femme dans le milieu des affaires comporte des défis et des possibilités uniques.
C’est dans cet esprit qu’en 2016, Julie Bogle, avocate exerçant au bureau de BLG à Vancouver et comptant tout juste deux ans de pratique, a constaté la nécessité de mettre en place un programme qui comblerait le manque de ressources pour les femmes qui assument des fonctions de direction et celles qui œuvrent dans le domaine des affaires. Quelque quatre ans plus tard, son idée originale, intitulée Femmes de tête, voit sa portée s’étendre à tous les bureaux de BLG, offrant aux femmes des domaines du droit et des affaires la possibilité de se rencontrer, d’échanger des idées et de s’épauler.
BLG ne manque pas de femmes leaders et chacune d’elles a contribué à faire du cabinet ce qu’il est aujourd’hui. À l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous nous sommes entretenus avec certaines d’entre elles de leur expérience professionnelle, de l’évolution de la situation des femmes, des aspects sur lesquels il reste du travail à faire ainsi que des façons d’encourager la prochaine génération de dirigeantes.
Faire une place aux femmes
Laleh Moshiri a commencé sa carrière au sein du cabinet en tant qu’avocate plaidante spécialisée en droit de la santé. Aujourd’hui, elle est la directrice nationale, Diversité et inclusion de BLG, premier poste de direction du genre créé dans un cabinet juridique canadien.
« Lorsque des femmes prennent part aux discussions, explique-t-elle, leur point de vue ouvre de nouvelles perspectives. Mais, lorsqu’elles sont les « seules » représentantes de leur genre, elles ont énormément de pression – elles ont l’impression de faire l’objet d’une surveillance étroite et toute particulière et de poser chacune de leurs actions au nom de toutes les femmes. Afin d’exploiter pleinement le potentiel des femmes et d’en tirer réellement parti, poursuit-elle, il faut qu’une masse critique d’entre elles occupent des postes de direction ».
Chantal Saunders, associée au bureau d’Ottawa du cabinet, exerce en propriété intellectuelle et en litige. Elle souligne à quel point il est important de cultiver la diversité des voix quel que soit le milieu, et pas seulement dans le monde juridique.
« Quand davantage de femmes sont parties prenantes des décisions et réussissent en tant que dirigeantes, je pense qu’elles sont plus à même de s’encourager les unes les autres au lieu de se faire concurrence pour des postes rarissimes. »
Prema Thiele exerce au cabinet depuis le début de sa carrière. Aujourd’hui, elle est associée en droit des valeurs mobilières à Toronto et siège au Conseil de la société, organe directeur du cabinet. Elle affirme à la blague qu’elle est « une minorité, non pas à un, mais à trois égards » : en tant que femme, en tant que membre d’une minorité visible, mais aussi en tant que native de la Saskatchewan. Le groupe Gestion des investissements, dit-elle, est composé majoritairement de femmes.
« Je conseille à tout le monde – femmes, hommes, minorités visibles, jeunes avocats, immigrants – de ne jamais estimer savoir d’emblée ce que les autres pensent ni émettre de suppositions à leur égard.
Je dis souvent aux gens que le plus important, c’est de faire preuve d’assurance. Dites-vous que chaque rencontre est une occasion d’éblouir la personne que vous avez en face de vous. N’essayez pas de deviner ce que les autres pensent de vous. Réfléchissez à ce que vous allez pouvoir faire pour les épater. »
Le rôle crucial des mentors et des parrains
Le monde du droit a toujours été dominé par les hommes. Cependant, l’écart tend à se combler, en particulier chez les jeunes. Selon les chiffres du Barreau de l’Ontario, en 2018, on comptait dans la province 9 818 avocates de moins de 40 ans contre 8 382 avocats dans la même catégorie d’âge, tandis que chez les avocats de 50 ans ou plus, les hommes étaient plus de 16 000 et les femmes un peu plus de 7 000 seulement. Au total, à la fin de l’année en question, on recensait 30 644 avocats pour 23 088 avocates en Ontario.
« Les études ont démontré que diversité rime avec meilleurs résultats sur le plan des affaires, a déclaré l’honorable Louise Arbour, juriste en résidence chez BLG. Aborder un problème selon différents angles, c’est apporter des solutions plus efficaces et universelles. En favorisant la parité au travail, nous [...] embrasserons le progrès et [créerons] un milieu de travail plus dynamique. »
« Bien que le nombre de diplômées en droit ait augmenté, les femmes quittent encore la profession juridique à un rythme alarmant. Bénéficier de mentorat, c’est important dans notre milieu », ajoute Louise Lee, associée au bureau de Calgary, coresponsable de l’initiative Femmes de tête à Calgary et membre du Comité consultatif sur le capital d’investissement de BLG.
« Si le mentorat est un excellent [moyen de] soutenir les femmes, le parrainage est l’un des principaux outils de leur valorisation. [Il importe] de veiller à ce que toutes les conditions soient réunies pour que les femmes puissent accéder à certains postes à mesure qu’elles gravissent les échelons et de faire en sorte de ne pas perdre de femmes de talent en cours de route.
Il faut faire des choix conscients pour s’assurer que les femmes se font entendre. »
Noella Milne est associée au sein du groupe Droit immobilier commercial du bureau de Toronto. Elle aussi souligne l’importance d’avoir (et d’être) un bon mentor : « Quand vous débutez dans la profession, trouvez un mentor, une personne qui sera en mesure de vous faire des commentaires constructifs, de vous épauler et de vous conseiller. Vous n’y arriverez pas sans aide. Et en tant que futures dirigeantes, vous devez également agir comme mentores. J’ai moi-même toujours cherché à prendre d’autres femmes sous mon aile. »
Appuyant les propos de ses consœurs, Laleh Moshiri ajoute que le mentorat et le parrainage sont cruciaux pour les femmes, quel que soit leur secteur d’activité : « Le mentorat est essentiel pour tout le monde, pas seulement pour les femmes, mais ce qui est encore plus important, c’est le parrainage. Les recherches démontrent que les femmes sont beaucoup moins parrainées que les hommes.
Les mentors apportent leur aide à leurs mentorés sur le plan du perfectionnement professionnel, tandis que les parrains et marraines soutiennent l’avancement de la carrière de leurs protégés. Ainsi, ils s’attachent à les promouvoir et à les exposer à diverses occasions. Discutez avec les gens autour de vous qui ont réussi professionnellement : il y a fort à parier qu’ils vous parleront d’un parrain ou d’une marraine qui a joué un rôle capital dans leur carrière. Peu importe vos compétences, vous n’y arriverez pas sans aide. »
Évolution de la situation
« Au début de ma carrière, se rappelle Katherine Cooligan, associée directrice du bureau d’Ottawa, il y avait très peu de femmes parmi les associées. Et il n’y en avait aucune qui occupait un poste de direction. Quand je regardais vers le haut, je voyais des hommes.
Aujourd’hui, si j’observe la situation sur le plan national, je vois de plus en plus de femmes accéder à des postes de direction. »
Cindy Clarke est membre du Comité de gestion national du cabinet et chef nationale du groupe Litiges spécialisés. À ce titre, elle chapeaute plus de 150 avocats répartis dans quatre groupes de litige. Elle insiste sur tous les avantages qu’il y a à embaucher un plus grand nombre de femmes et à promouvoir leur présence au sein des équipes de direction.
« Il est important de se concentrer sur l’accession d’un plus grand nombre de femmes à ce bassin d’associés chevronnés, ce qui ouvrira des portes et changera la dynamique de tous les comités. C’est comme ça qu’on gagne en expérience : une fois qu’on commence à siéger à divers comités, les occasions d’accéder à des postes de direction se multiplient. »
« On voit de plus en plus de femmes à des postes de direction; il n’y a donc plus à se sentir à part si ça nous arrive, déclare Lynn McGrade, responsable régionale du groupe Gestion des investissements de BLG et responsable nationale de l’équipe Royaume-Uni.
Vous pouvez vous montrer sous votre vrai jour, vous exprimer à votre façon dans vos discours… Le style de leadership des femmes diffère peut-être un peu de celui des hommes, mais il a tout autant de valeur. Alors, ayez confiance en vous, soyez vous-même et foncez! »